Un salarié en contrat à durée indéterminée peut mobiliser son compte personnel de formation sans l’accord de son employeur, à condition que la formation se déroule en dehors de son temps de travail. Depuis 2019, les travailleurs indépendants disposent eux aussi d’un droit à la formation financé par la contribution à la formation professionnelle, longtemps réservée aux seuls salariés.La réforme de 2018 a bouleversé la répartition des fonds, supprimant certains organismes historiques et centralisant la gestion via la Caisse des Dépôts. Derrière ces évolutions, des disparités persistent selon les statuts, les secteurs d’activité et les dispositifs mobilisés.
Plan de l'article
- Panorama des acteurs qui financent la formation professionnelle en France
- Réforme de 2018 : ce qui a vraiment changé pour les financements
- Comment profiter des dispositifs selon sa situation ? Salariés, demandeurs d’emploi, indépendants…
- Chiffres clés et ressources utiles pour s’orienter sans se tromper
Panorama des acteurs qui financent la formation professionnelle en France
Oublier l’idée d’un fonctionnement simple. L’univers de la formation professionnelle s’appuie sur un système à compartiments multiples, composé d’employeurs, de partenaires sociaux, d’organismes publics, mais aussi d’entreprises privées. Chacun intervient avec un levier particulier pour faire du droit à la formation une réalité, quels que soient les parcours professionnels.
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Depuis 2019, France compétences orchestre la répartition des budgets et la régulation du secteur. Les employeurs restent la clef de voûte du financement à travers la contribution légale à la formation. Mais sans les opérateurs de compétences (OPCO), rien ne serait possible : ils accompagnent les entreprises dans le financement des actions pour leurs salariés, des dispositifs en alternance et du plan de développement des compétences.
Voici les principaux dispositifs qui permettent d’avoir accès à ces ressources :
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- Le compte personnel de formation (CPF) : il confère à chaque salarié ou travailleur une cagnotte individuelle à utiliser à chaque étape de leur vie professionnelle.
- Pôle emploi, désormais sous le nom de France Travail, finance de nombreux parcours pour les demandeurs d’emploi, en lien avec les conseils régionaux pour ouvrir davantage de perspectives de qualification.
- Les conseils régionaux s’engagent massivement pour accompagner les reconversions, l’accès des jeunes à la qualification et venir en soutien aux profils les plus exposés dans l’économie.
À cela s’ajoutent l’État, les conseils départementaux ou encore les particuliers, qui s’impliquent ponctuellement via des cofinancements ou des appels à projet. Les organismes de formation, eux, articulent et combinent ces différents leviers pour déployer des solutions toujours plus adaptées. C’est à ce prix que, chaque année, une somme colossale, plus de 30 milliards d’euros, irrigue la formation continue et renforce la dynamique de qualification partout sur le territoire.
Réforme de 2018 : ce qui a vraiment changé pour les financements
La réforme de 2018, inscrite dans la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, a agi comme un puissant accélérateur de transformations. Fini les OPCA historiques : la France s’appuie désormais sur les OPCO, ces nouveaux acteurs de terrain, chargés de répondre de façon plus fine aux besoins des secteurs. C’est une approche plus proche des réalités, et plus mutualisée.
Autre nouveauté déterminante : l’installation de France compétences en unique régulateur. Ce changement de gouvernance centralise la redistribution des fonds et uniformise la qualité des parcours. Le compte personnel de formation (CPF) évolue aussi: il s’exprime désormais en euros, et pas seulement en heures. Surtout, il s’ouvre au projet de transition professionnelle (PTP), successeur direct du CIF, autorisant un salarié à s’absenter plusieurs mois de son poste pour être formé à un métier différent, à condition de remplir certains critères stricts. Le maintien du salaire durant la formation n’est plus chose rare.
Quant au plan de développement des compétences, il élargit la marge de manœuvre des entreprises pour organiser des actions de formation internes ou collectives. Les OPCO jouent là encore le rôle d’intermédiaire, accompagnant les employeurs dans l’utilisation des budgets mutualisés. L’État ainsi que les régions interviennent de leur côté via le Plan d’investissement dans les compétences, qui cible ceux pour qui la sécurisation du parcours professionnel est primordiale.
La réforme a donc amplifié les garanties individuelles tout en dotant le système d’une régulation plus vigoureuse. Aujourd’hui, la formation professionnelle française repose sur une organisation resserrée, capable de s’ajuster en temps réel à la volatilité du marché du travail et à la diversité des choix de carrière.
Comment profiter des dispositifs selon sa situation ? Salariés, demandeurs d’emploi, indépendants…
Selon le statut, les démarches et les solutions ne se ressemblent pas. C’est justement la force de cette architecture : chaque profil professionnel peut activer les bons outils pour se former, évoluer, rebondir ou changer totalement de cap.
Salariés : des droits pour accompagner l’évolution
Le CPF reste l’outil incontournable. Il suit chaque salarié tout au long de sa vie active, indépendamment de son employeur. Pour qui souhaite changer totalement de métier, le projet de transition professionnelle (PTP) autorise la prise de recul, avec maintien partiel ou total du salaire sous certaines conditions. Le plan de développement des compétences complète ce dispositif pour soutenir la performance collective avec des formations choisies directement par l’entreprise, souvent avec l’appui de l’OPCO du secteur.
Demandeurs d’emploi : accompagnement individuel et financements dédiés
Du côté des demandeurs d’emploi, les dispositifs s’additionnent. Le CPF demeure mobilisable pour un projet individuel. Mais France Travail peut intervenir en complément pour financer des formations stratégiques, dans le but d’accélérer le retour à l’emploi ou la conversion dans un secteur en tension. Sur le terrain, les conseils régionaux déploient eux aussi des offres spécifiques pour ceux qui restent durablement éloignés du marché du travail.
Indépendants et travailleurs non-salariés : des droits désormais ouverts
Pour les indépendants, la porte s’est ouverte récemment. Eux aussi disposent d’un CPF basé sur les contributions versées. Autre ressource précieuse : les fonds d’assurance formation sectoriels prennent en charge de nombreuses formations obligatoires et qualifiantes. Pour bâtir sa trajectoire, le conseil en évolution professionnelle (CEP) aide à élaborer une feuille de route adaptée à la réalité de l’activité non salariée, en ciblant les réels enjeux du secteur concerné.
Chiffres clés et ressources utiles pour s’orienter sans se tromper
Près de 15,7 milliards d’euros ont irrigué la formation professionnelle en France en 2022, selon le rapport annuel de l’autorité nationale de régulation. Ces montants réunissent la participation de l’État, des régions, des OPCO et de France Travail, sans oublier le poids déterminant des entreprises via leurs propres plans de développement des compétences.
Quelques repères donnent la mesure du phénomène : en 2022, plus de 2,2 millions de dossiers CPF validés, pour un montant moyen de 1 560 euros par bénéficiaire. L’alternance confirme son dynamisme, avec la multiplication des contrats d’apprentissage et de professionnalisation. De leur côté, les validations des acquis de l’expérience (VAE) continuent de séduire ceux qui veulent faire reconnaître officiellement les compétences accumulées au fil d’années sur le terrain.
Pour naviguer dans cette offre foisonnante, certains points de passage s’imposent :
- France compétences, pour accéder à la régulation et aux grandes tendances nationales.
- La plateforme Mon Compte Formation, clé de voûte de la gestion et de l’utilisation des crédits CPF.
- Les OPCO de branche, alliés indispensables des salariés comme des entreprises pour une formation sur mesure.
- Le service public du conseil en évolution professionnelle (CEP), accessible pour quiconque souhaite réfléchir, réorienter ou affiner son projet professionnel.
- Le Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), référence pour vérifier la reconnaissance légale d’un diplôme ou d’un titre.
Le renforcement de la place des régions dans les parcours des demandeurs d’emploi, la recomposition de l’écosystème sous la houlette des nouveaux acteurs : tout montre que la formation n’est plus un privilège, mais bien l’atout-maître d’une carrière évolutive. Dans ce jeu où chacun dispose désormais de véritables outils à activer, les frontières professionnelles n’ont jamais paru aussi franchissables.